Mot de la présidente sortante
Ma décision de joindre les rangs en tant qu’administratrice de la SQRM en 2020 a été vivement motivée par ma volonté de faire avancer le sort des chercheurs indépendants – dont je fais partie. Peu après mon arrivée dans l’équipe, j’ai compris que l’organisme faisait face à de grands défis: le manque de relève au CA, la diminution du nombre de bénévoles prêts à porter des projets au sein de l’organisme, la difficulté à répondre aux critères de financement de notre bailleur de fonds (le CALQ) ou encore le manque de ressources financières.
Je me suis tout de même investie complètement dans l’organisme, jusqu’à prendre le poste de présidente lors du départ de mon prédécesseur – Monsieur Ons Barnat – et ensuite de directrice administrative entre mai 2022 et février 2023, à la suite du départ de Mme Josée Campeau en juillet 2021. Ce n’est qu’en occupant ce dernier poste que j’ai véritablement été confrontée aux problèmes de fond de l’organisme, qui semblent le miner depuis bien trop longtemps et qui ont été exacerbés par la pandémie. Initialement, j’ai dû faire face à l’absence de structures, de processus et de ressources définies sur lesquelles baser mon travail et mes prises de décisions. Le taux de roulement du poste de direction (cinq directrices administratives en très peu de temps) a certainement entravé une passation claire des connaissances des différents dossiers. Toutefois, malgré les efforts des directrices précédentes – efforts dont je reconnais tout le mérite – j’ai vite ressenti un sentiment d’accablement face à cette confusion. Je me suis vite rendue à l’évidence que même si nous savions en tant que CA ce qu’il convenait de faire pour aider l’organisme, nous ignorions « comment » le faire. C’est à ce moment que j’ai compris qu’il était nécessaire pour l’organisme de faire appel à une personne ayant l’expertise pour remédier à la situation.
Parmi les outils de gouvernance qui ont été créés et me rendent fière, je dénote entre autres :
- La mise en place d’outils de recrutement permettant de mieux cerner nos besoins en matière de planification et de recrutement de la relève au sein du CA, qui ont permis le recrutement de plusieurs nouveaux administrateurs;
- L’élaboration du « Code d’éthique et de pratique des membres du conseil d’administration, du personnel salarié, bénévole, des prestataires et sous-traitant.e.s de la Société québécoise de recherche en musique», incluant sa mise en œuvre entre autres par l’adoption d’un formulaire de déclaration d’intérêts. Un tel document n’avait jamais été réalisé.
- Le lancement du prix Relève de la recherche en musique en 2023 (qui n’avait pas été décerné depuis 2017);
- La tenue de deux colloques organisés par la SQRM – en 2023 et en 2024, qui ont pu avoir lieu grâce à plusieurs partenariats fructueux, rendus possibles par Sandria P. Bouliane (ancienne administratrice et Professeure de musicologie à la Faculté de musique de l’Université Laval). Notons qu’il n’y avait eu aucun colloque organisé par la SQRM depuis 2015;
- La création d’un registre des membres honoraires pour mettre en valeur les administrateur·trice·s les plus marquant·s de l’organisme;
- La création de la catégorie de membre « chercheur·euse·s indépendant·e·s »;
- L’organisation de deux activités lors des Journées de la culture en septembre 2024.
Malgré toutes ces belles initiatives, les difficultés de l’organisme n’ont cessé de s’accroître. D’une part, le financement est demeuré insuffisant, et ce, malgré les nombreuses demandes déposées. D’autre part, le Conseil d’administration a été confronté à un manque de relève pour pallier le départ d’administrateur·trice·s, ce qui a eu pour conséquence d’alourdir la charge de travail des membres encore en poste. Des défis d’ordre interpersonnels ont aussi ponctué mes derniers mois à la tête du CA, où j’ai eu à composer avec des visions de gouvernance et de collaboration, qui ont miné les efforts du CA dans la complétion de nombreux dossiers, pourtant prioritaires. Les nombreuses heures à travailler les soirs et les fins de semaine pour l’organisme, toujours épaulée par Amélie, ont eu un impact de plus en plus important sur mon niveau d’énergie et sur ma santé. Enfin, la récente nouvelle de l’absence de renouvellement du financement du CALQ nous a mis devant une décision crève-cœur : nous devions supprimer le poste d’Amélie, n’ayant plus les ressources financières pour assurer son salaire. L’ensemble de ces éléments m’ont conduit à prendre la décision de me retirer dans l’espoir que d’autres pourraient prendre le relais.
Je me tourne donc maintenant vers vous chers et chères membres, collaborateur·trice·s et ami·es : la SQRM a besoin de vous plus que jamais! En ce 45e anniversaire de la Société, qui passera peut-être sous silence cette année et qui pourrait fort bien être son dernier, l’héritage laissé par Maryvone Kendergi, Juliette Bourassa-Trépanier et d’autres figures importantes qui les ont suivis pourrait bien ne pas perdurer. Toutefois, la SQRM n’en est pas à sa première tempête; elle s’est fait balloter au fil des ans, comme l’a si bien expliqué Louise Bail (membre honoraire et présidente sortante de l’organisme) dans son article publié en 2006. Ce que j’espère maintenant pour la SQRM est qu’elle soit reprise par des membres qui ont ses intérêts les plus chers à cœur, soit de décloisonner la recherche en musique pour qu’elle grandisse hors des institutions, tels que cela a été voulu par nos pionnières, et que cette recherche soit destinée au service de la société québécoise. Et si la SQRM, avec sa raison d’être distincte, ne peut continuer dans sa forme actuelle, il est nécessaire d’étudier les alternatives possibles, qui permettraient de faire survivre son héritage et sa cause. C’est mon souhait le plus cher.
Pour le moment, je me prépare à tirer ma révérence et remercie le conseil d’administration, mes collègues et tout particulièrement, Amélie Moïse, pour m’avoir accompagné dans cette belle aventure. Vous m’avez permis d’apprendre et de grandir plus que je ne l’aurais imaginé.
Merci pour tout.
Méi-Ra St-Laurent
Mot de la directrice générale sortante
Après deux ans d’efforts à soutenir le conseil d’administration de la Société québécoise de recherche en musique en vue d’actualiser la mission de cette institution singulière, c’est à regret que je quitte avant d’avoir compléter le repositionnement de l’organisme. En effet, les coupes budgétaires du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) ont amputé le budget de la SQRM qui ne peut plus maintenir ma fonction.
Ce fut un plaisir et un privilège de découvrir en profondeur l’histoire de la SQRM et de contribuer à sa continuation. Étant moi-même musicienne mais également, gestionnaire diplômée de HEC-Montréal, j’ai eu à cœur sa raison d’être aujourd’hui encore bien méconnue. Il m’apparut rapidement, après mon entrée en poste, qu’un exercice de réflexion stratégique s’imposait et que des processus administratifs devaient être établis. En effet, nous étions déjà en mode sauvetage puisque cela faisait déjà plusieurs années que le principal bailleur de fonds de l’organisme, le CALQ, exprimait son insatisfaction à l’égard de critères spécifiques à respecter dans le cadre de l’octroi de la subvention de soutien à la mission.
De plus, le statut d’OBNL au plan légal présente des exigences qui n’avaient pas été prises en compte au cours des dernières années, notamment de natures contractuelles et sur le plan de la gestion de la documentation institutionnelle.
Je tiens à mettre en exergue ci-après certains des travaux réalisés :
- renforcement de la gouvernance en structurant le conseil d’administration, en mettant en place des comités spécialisés et en développant des formations;
- élaboration d’un organigramme fonctionnel précisant les rôles et responsabilités du conseil et des différents comités;
- élaboration de la planification stratégique 24-27 proposant vision, valeurs, activités promotionnelles et de consolidation financière;
- augmentation du budget annuel grâce à une nouvelle source de financement;
- rédaction de la dernière demande de soutien à la mission quadriennale du CALQ qui nous a permis de bénéficier d’une année supplémentaire de financement;
- demandes de subvention à divers organismes;
- optimisation des coûts de fonctionnement et implantation de nouvelles pratiques comptables;
- élaboration d’outils nécessaires au déploiement d’une campagne de financement et à la recherche de partenaires financiers, notamment l’historique de l’organisme, un dossier de presse et l’application de collecte de fonds via PayPal;
- développement du site Internet (nouvelles sections et pages): un blogue, page Cahiers de l’ARMuQ, mise à jour page Cahiers de la SQRM, pages Répertoire des membres actifs et honoraires, page des colloques annuels, page Série Présences de la musique, etc.;
- création d’un système numérique de classement et codification de la documentation;
- création de divers outils et bases de données pour faciliter le transfert de connaissances auprès des membres du conseil, des comités et éventuellement des employés.
Au cœur des enjeux de la SQRM, se trouve celui de l’évolution des mentalités. J’ai pu remarquer certaines tensions entre les tenants d’un organisme modeste consacré strictement à l’édition d’une revue savante et ceux qui souhaitent un organisme au service de la société québécoise. La SQRM, grâce à son histoire et sa notoriété, pourrait participer à un enrichissement socio-culturel en favorisant un plus grand rayonnement de la recherche, notamment sur les médias numériques et en s’ouvrant à la médiation de la recherche. Malheureusement, la SQRM n’a pas eu les moyens de ses ambitions et n’a pas réussi suffisamment à mobiliser les milieux universitaires autour d’une mission renouvelée.
Afin de propulser la SQRM vers de nouveaux horizons, j’ai réussi en 2024 à obtenir une subvention de la Ville de Montréal pour un projet novateur impliquant des chercheurs en musique affiliés à des institutions universitaires et une équipe de chercheurs indépendants experts en création numérique et en innovation technologique. Le lancement de ce projet fut une grande fierté pour moi puisque ce dernier représente l’amalgame parfait des ingrédients qui répondent directement à la véritable raison d’être de la SQRM. Malheureusement, en tant que coordonnatrice de ce projet et instigatrice du développement de ce nouveau modèle de médiation culturelle, mon départ freinera sa réalisation.
L’organisme étant habitué à vivre de subventions, le passage vers un plan d’affaires susceptible de générer de nouveaux revenus ou d’intéresser des partenaires financiers s’est avéré plus difficile qu’anticipé, surtout sur une aussi courte période, et demeure un défi. Par ailleurs, la transparence et la formalisation des rapports avec le comité de rédaction des Cahiers de la Société québécoise de recherche en musique constituent aussi un enjeu pour le futur. En effet, la SQRM en tant qu’éditrice des Cahiers de la SQRM devrait poursuivre son objectif d’établir un partenariat fructueux avec les universitaires impliqués dans la production de la revue. Jusqu’à présent, ces derniers semblent avoir perçu leur mandat comme étant indépendant de celui de la SQRM, ce qui est dommage, parce que l’éditeur et les rédacteurs pourraient convenir d’une synergie (c’est-à-dire de travailler ensemble à mettre en valeur la mission de la SQRM). L’indépendance scientifique pourrait tout à fait cohabiter avec une plus grande intégration administrative et stratégique de la revue au sein de la structure de la SQRM. À cet effet, j’ai produit et déposé au conseil d’administration en 2024 un document établissant un organigramme fonctionnel pour clarifier ce partenariat, ainsi qu’un projet de mandat contractuel définissant les responsabilités du comité de rédaction. J’espère que des travaux en ce sens pourront prendre forme en 2025.
La perte de la subvention du CALQ rend incertain l’avenir de la SQRM. Une année supplémentaire, nous aurait peut-être permis, une mise sur les rails prometteuse et un ralliement des parties prenantes autour d’une vision commune. Malgré tout, une équipe bénévole très impliquée, mais aussi possédant des compétences administratives et en gouvernance, pourrait aider à maintenir l’organisme.
Je remercie le conseil d’administration pour sa confiance et plus particulièrement, la présidente Mei-Ra St-Laurent qui fut une collaboratrice de tous les instants.
Je souhaite le meilleur à la SQRM.
Amélie Moïse